Touchons du bois
Le bois, un choix naturel
S’il provient de forêts gérées durablement, le bois a l’avantage indéniable d’être une matière première durable, neutre au niveau climatique, circulaire et organique. Des qualités qui sont devenues cruciales, à juste titre. C’est en outre une ressource renouvelable qui stocke le carbone tout au long de son cycle de vie, de l’arbre à la construction ou au produit fini.
En d’autres termes, plus on recourt à du bois issu d’exploitations durables, mieux c’est pour le climat. L’utilisation de bois dans le secteur de la construction contribue d’une manière non négligeable à la réduction des émissions de CO2. La production et la transformation du bois se déroulent en effet d’une manière très efficiente énergétiquement de telle sorte que les produits en bois ont une empreinte carbone particulièrement faible par rapport à d'autres matériaux.
Bien entendu, le bois s’utilise au mieux sur la plus longue durée possible, avant d’être réutilisés, recyclé et, à la fin du cycle de vie seulement – quand il n’y a plus aucune autre application possible – brûlé. Une gestion sylvicole durable est primordiale et fait intégralement partie d’une vision à long terme. L'expansion forestière ne doit donc pas se limiter à des objectifs de loisirs et de préservation de la nature, mais doit également tenir compte de la production durable de bois. Sinon, nous risquons rapidement de nous retrouver, comme c'est le cas actuellement, dans une situation de pénurie de bois local sur le marché.
Ajoutez à cela que le bois est économe en énergie, isolant, léger mais robuste, doté de propriétés acoustiques intéressantes, régulant la chaleur, créant de plus une ambiance chaleureuse et agréable, et notre plaidoyer pour une utilisation accrue du bois devient une évidence.
Par ailleurs, à l’image des Pays-Bas, les pouvoirs publics peuvent jouer un rôle exemplaire en imposant, dans leurs appels d’offres, l’utilisation d’une certaine proportion de bois (au moins 20 %). Plusieurs villes et communes néerlandaises, comme Amsterdam et Almere, ont fixé de tels objectifs pour augmenter la part de la construction en bois dans les projets de construction neuve (Amsterdam : à partir de 2025, 20 % des nouvelles constructions seront en bois).
L’importance d’une production de bois locale
La Belgique a une riche tradition de construction en bois. Malheureusement, une part considérable du bois récolté dans notre pays est exporté ou exploité pour la production d’énergie, sans être valorisé comme matériau pour des applications de qualité supérieure. C’est une occasion manquée, aussi bien économiquement, écologiquement que socialement. Avec un chiffre d’affaires d’un peu plus de 6 milliards d’euros (industrie du meuble incluse) et une valeur ajoutée de 1,6 milliard d’euros (chiffres 2023), les ressources locales pourraient contribuer bien plus à l’économie belge, notamment en créant des opportunités en matière d’emploi (actuellement plus de 17 000 personnes, en incluant l’industrie du meuble) dans la construction et l’industrie de transformation du bois. En outre, le recours à des matériaux produits localement réduirait davantage l’empreinte écologique du secteur de la construction, en faisant baisser sensiblement le coût et les émissions liées au transport.
Mauvais temps pour l’industrie manufacturière
L’industrie manufacturière traverse des intempéries, c’est également le cas du secteur du bois. Un ancrage solide est nécessaire. Notre ambition doit être d’opérer une réindustrialisation de l’Europe permettant une économie circulaire et neutre en carbone, avec comme objectif une autonomie stratégique. Notre force d’innovation et les produits de qualité et de niche fabriqués en Europe, comme notre production de bois, nous donneront un grand avantage concurrentiel.
Une proposition de FEDUSTRIA consiste à limiter l'exportation inconditionnelle de bois européen, principalement vers la Chine. Concrètement, nous proposons que le bois rond (grumes) subisse obligatoirement au moins une transformation locale avant de pouvoir être exporté, afin de créer davantage de valeur ajoutée locale.
Une utilisation étonnamment polyvalente du bois
Grâce aux avancées technologiques, il existe aujourd'hui de nombreuses applications innovantes pour la construction en bois. Des constructions en bois massifs comme le CLT (Cross Laminated Timber) aux systèmes hybrides (comme les ossatures bois) qui combinent le bois à d’autres matériaux, les possibilités sont illimitées. De grands complexes de bureaux et même d’appartements peuvent de nos jours être bâtis en bois, en tirant parti de la solidité et de la polyvalence de ce matériau pour réaliser des édifices impressionnants.
Il y a cependant encore du travail à accomplir pour faire connaître plus largement les avantages du bois dans le secteur de la construction (et l’enseignement a assurément un rôle important à jouer dans ce domaine) ainsi que pour continuer à développer les réglementations et normes en matière de construction en bois. Pour les architectes, les ingénieurs et les entreprises de construction, il doit devenir plus facile d’envisager ce matériau. Cela demande des investissements dans la formation, la recherche et le développement, mais aussi des mesures politiques qui encouragent et favorisent la construction en bois, comme des subsides pour les matériaux plus durables et des avantages fiscaux pour les entreprises et les particuliers qui font le choix de bâtir avec le bois, étant donné la considérable réduction de CO2. Ainsi, par exemple, chaque mètre cube de bois utilisé dans le secteur du bâtiment permet d’éviter l’émission de 1,1 tonne de CO2, comparativement aux matériaux de construction habituels (chiffre de l’European Forest Institute).
N’oublions pas non plus la rénovation de bâtiments. Là aussi, le bois peut jouer un rôle important, en tant que matériau de construction durable et fiable.
Les Pays-Bas comme référence
Considérant l’importance croissante de construire et rénover durablement, la Belgique peut s’inspirer des Pays-Bas quand il s’agit de bâtir en bois . Les Pays-Bas ont en effet pris diverses initiatives en la matière et on trouve chez notre voisin des mesures politiques et des innovations qui peuvent nous inspirer.
Les Pays-Bas stimulent activement la construction en bois, tant au niveau des politiques que des subventions. Dans ce sens, le ministère de l’Intérieur a l’ambition de promouvoir des projets immobiliers en bois ainsi que d’autres matériaux durables à l’aide de subsides et d’investissements dans la recherche et le développement. Le soutien financier permet de baisser le seuil à partir duquel les développeurs de projets et les entreprises de construction sont prêtes à considérer la construction en bois. Dans certaines communes, les initiatives immobilières recourant au bois bénéficient d’une priorité lors de la demande de permis de construire. Ces procédures accélérées rendent le choix de la construction en bois plus attractif, car elles offrent des avantages en termes de gain de temps et de réduction des coûts. Prenons donc exemple sur les Pays-Bas et adoptons également en Belgique une politique favorable à la construction en bois.
Précurseur du choix du bois
Il est temps de remettre le bois à l’honneur, en tant que matériau (de construction) contemporain, polyvalent, renouvelable, circulaire et durable. La Belgique a tous les moyens en main pour devenir un précurseur de l’utilisation du bois, pas seulement comme matériau pour bâtir, mais aussi comme symbole d’une cohabitation écologiquement responsable et durable.