Le Groupe PGS et ses solutions (de palettes) sur mesure – Entretien avec le CEO Luc Grauwet

Chaque année, le Groupe PGS commercialise quelque 45 millions de palettes, tant neuves que reconditionnées. L’accent mis sur les activités orientées services, comme la proposition de solutions de transport multimodales, ainsi que la production de ses propres clous ne sont qu’un petit (mais essentiel) maillon de sa réussite. Nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec le CEO Luc Grauwet sur la démarche RSE du groupe, sur la recherche continue de solutions idéales et sur l’intérêt d’une bonne base stratégique.

Q : Ces cinq prochaines années, le groupe franco-belge de palettes PGS souhaite à nouveau doubler son chiffre d’affaires en visant un CA d’un milliard d’euros. Pouvez-vous nous en dire plus ? Quels facteurs clés ont été déterminants et ont contribué à obtenir ce beau résultat actuel – sachant que les dernières années ont été tout sauf faciles (surtout pour le secteur du bois, ne serait-ce qu’en raison de l’évolution des tarifs du bois, de l’augmentation des prix de l’énergie, etc.) ?

C’est un travail de longue haleine. Nous avons déjà fait de nombreuses acquisitions par le passé et avons brièvement suspendu cette démarche pour nous concentrer sur la création d’une bonne base stratégique. C’est ainsi que, ces 2-3 dernières années, nous avons misé sur le volet interne avec la professionnalisation et le développement de nos départements. Nous avons construit une équipe avec laquelle nous pouvons et allons bâtir l’avenir. Comment avons-nous obtenu ce résultat, demandez-vous ? Surtout avec l’appui et aux côtés de notre équipe, qui donne chaque jour le meilleur d’elle-même et grâce à laquelle ce groupe fonctionne comme une machine bien huilée.

Q : Et comment le Groupe PGS compte-t-il à nouveau doubler son CA d’ici 5 ans ? Pourriez-vous lever un coin du voile sur la stratégie ? Y a-t-il des projets concrets de modification du business model ?

Notre marché connaît de toute façon une vague de consolidation. Dans le cadre de notre stratégie, nous choisissons de ne pas restreindre nos activités à une seule région, mais d’étendre notre réseau sur toute l’Europe. Pour l’heure, nous réalisons notre plus grand CA en Belgique, suivi de la France, de l’Espagne et de l’Allemagne. Dans notre groupe, nous avons déjà quelque 120 millions d’euros de CA que nous ne consolidons pas pour l’instant. Comme nous ne faisons que participer dans ces entreprises, nous avons l’intention de les intégrer au Groupe PGS d’ici 3 à 5 ans. Par ailleurs, nous ouvrirons aussi un nouveau site à Lisbonne (Portugal), qui sera consacré au tri, à la réparation et la revente de palettes. Enfin, nous avons plusieurs dossiers sur la table, comme la reprise récemment annoncée de l’entreprise néerlandaise Den Doelder Pallets.

Nous voulons poursuivre notre croissance de manière durable, à la faveur de nouvelles acquisitions au sein du groupe, mais aussi d’investissements “greenfield” dans certaines régions.

Q : Nouveaux besoins sur le marché (pensons à l’aspect “durabilité”) :
Comment le Groupe PGS répond-il à l’enjeu de la durabilité (et, peut-être, à la pression en ce sens) ? Pouvez-vous nous donner quelques exemples concrets ?

La durabilité est une vraie priorité, et elle est inhérente à nos business models. PGS a démarré sur le marché des palettes reconditionnées, avant d’évoluer vers la production de palettes neuves. Pour chaque nouvelle palette que nous produisons, nous voulons en retirer une du marché en vue de sa réutilisation. Ces dernières années, nous avons beaucoup travaillé sur la durabilité avec notre équipe : quelle direction voulons-nous prendre, quels sont nos objectifs de durabilité pour le groupe… ? En collaboration avec un bureau externe, nous avons tracé une ligne claire et établi une stratégie (de durabilité) complète : de l’intégration active de panneaux solaires à nos toits pour un approvisionnement maximal en énergie verte, au verdissement de notre chaîne, en passant par l’investissement dans des innovations qui rendront notre parc de machines beaucoup plus durable. Enfin, nous voulons que les nouvelles entreprises qui fusionnent avec notre groupe souscrivent à cette stratégie, justement parce qu’il s’agit d’un aspect si important pour le Groupe PGS.

Q : Quelle est la priorité du Groupe PGS (compte tenu des normes de durabilité spécifiques) ? Et quelles réponses y apportez-vous ? Par ex. le “nouveau hub” de recyclage des palettes…

Nous nous inscrivons tout à fait dans le “nouveau hub” ; surtout avec l’arrivée du Pacte vert pour l’Europe, que le monde de l’emballage devra également respecter. Avec notre département “réparation”, nous assurons la collecte, le tri et la réparation de palettes utilisées, avant de les revendre. Nous avons aussi un département pooling (PGS Reverse), un système logistique durable qui propose des solutions sur mesure pour les palettes clients. De plus, nos clients bénéficient également de produits eco designed : dans ce cadre, nous développons un modèle personnalisé en étroite collaboration avec le client, avec un fort accent sur l’efficacité, l’écologie et le confort d’utilisation. C’est là que réside notre priorité pour l’instant, et nous comptons poursuivre dans cette voie à l’avenir.

Q : Comment le Groupe PGS répond-il aux réalités nouvelles, comme les enjeux actuels en matière de durabilité (trucs et astuces pour les autres entreprises) ?

Notre avantage, c’est que PGS a déjà atteint un certain niveau de développement. Nous avons donc l’assise financière nécessaire pour affronter les nouveautés. Nous nous focalisons sur notre équipe, impliquons les parties externes si besoin et, ensuite, nous élaborons une stratégie. Certes, les entreprises ne disposent pas toutes de ces ressources (financières), ni d’une grande équipe. C’est – à mon avis – l’une des raisons pour lesquelles la stratégie de consolidation gagne de nombreux secteurs.

Nous aussi, nous avons été petits et, à l’époque, le gérant était souvent seul à devoir supporter cette pression. Aujourd’hui, nous avons le privilège de pouvoir constituer une équipe par thème, et ce pour l’ensemble du groupe. Mais nous créons aussi des groupes de travail avec des personnes issues de diverses entreprises de notre organisation. C’est notre façon d’impliquer tout le monde. On peut toujours faire “vite et simple”, mais votre solution suscitera-t-elle l’adhésion de toute l’entreprise ? C’est cela la question.

Q : Comment le Groupe PGS cherche-t-il à assurer son autosuffisance ? Et pourquoi ?

Nous aspirons à une intégration verticale sous toutes les formes possibles. Nous avons nos propres parcelles de forêts, que nous gérons de manière durable. Nous possédons aussi nos propres scieries en Belgique, en France et en Espagne ; 40 % du bois dont nous avons besoin provient de ces scieries (les autres 60 % sont achetés). En assurant cette autosuffisance à chaque instant, nous avons, par exemple, moins souffert de la dernière crise du bois et de la pression subséquente à s’aligner sur les prix du marché. Côté approvisionnement en bois, nous avons vu que, malgré quelques difficultés régionales, notre système (métier) fonctionne bien, ce qui nous a permis de résoudre rapidement les problèmes. Un autre bel exemple est notre toute jeune usine à clous, “Nails of Flanders”.

Q : Nails of Flanders : pourquoi vouloir sa propre usine à clous ?

Cela fait 30 ans que PGS est dans le métier, et nous n’avons jamais craint de tomber à court de bois. Mais de tomber à court de clous, oui. Or, vu que nous avons besoin d’une grande quantité de clous pour la production de nos palettes, nous avons construit notre propre usine en 2019 afin de garantir notre approvisionnement en clous. Près de 70 % de la production est destinée au groupe, les autres 30 % vont à nos collègues-concurrents du marché. Cela nous permet aussi de garder la main sur la procédure et d’assurer la continuité de nos activités, même en temps de crise. D’ailleurs, nous construisons nous-mêmes toutes les solutions d’automatisation (métier) dans notre entreprise d’ingénierie.

Q : Ce type d’investissements, vous permet-il d’établir une nouvelle norme ?

L’intégration verticale est un axe majeur de notre stratégie, et nous aide à mieux maîtriser notre chaîne. Prenons l’exemple de notre production de clous : chaque entreprise qui fait partie du Groupe PGS les utilise, ce qui nous permet d’offrir une certaine garantie de qualité à nos clients. Le marché des palettes est confronté à des exigences de plus en plus élevées. Dans un pareil contexte, l’utilisation de clous haut de gamme pour la production de palettes est riche en avantages. De plus, cette production en propre contribue à la sécurité d’approvisionnement.

Q : La digitalisation est à l’ordre du jour, et elle figure aussi en tête de vos priorités : le Groupe PGS possède son propre parc de machines pour l’automatisation et la robotisation de la production.
Mais l’association entre “digitalisation” et “palettes” – comment dois-je l’imaginer ? De quoi retourne-t-il au juste ?

D’abord, les entreprises de notre groupe sont fortement automatisées. Mais outre cela, nous avons aussi développé notre propre progiciel (système ERP), qui réunit tous nos processus (de production) sur une même plateforme et un même tableau de bord. Nous savons quelle palette a été produite à quel moment, avec quel bois et par quel fournisseur, et ce pour chaque palette. Toutes les données de nos sites de production et de nos sites de reconditionnement – paramètres financiers, analyse des coûts, consommation énergétique des sites… – sont suivies par ce logiciel.

Ce système nous permet de garantir une traçabilité complète à nos clients.

Nous avons un service IT interne, qui s’attèle actuellement au développement et à l’optimisation de ce logiciel. Cela nous permet de rester à jour et de nous adapter sans cesse aux besoins de notre branche.

Q : Avez-vous d’autres projets en matière d’automatisation/robotisation/autre ?

Il y a toujours des projets en chantier. En interne, nous avons mis en place un “pipeline d’innovation”, un réservoir qui rassemble toutes nos idées. Ces idées sont ensuite filtrées, puis élaborées sous forme de projets qui seront réalisés à bref, moyen ou long terme. La gestion de ce pipeline a été confiée à une équipe spécialisée, ce qui permet, d’une part, à nos entreprises de rester à jour dans toute la mesure du possible et, d’autre part, au Groupe PGS d’alimenter sans cesse le marché en solutions innovantes.

Q : Ces méthodes innovantes ont-elles un effet (positif) sur l’employer branding ? Dans l’affirmative, pouvez-vous nous donner un exemple ?

Ce que nous constatons, c’est qu’il n’y a pratiquement pas de turnover dans notre recrutement. Nous nous efforçons d’être proactifs dans la rétention de nos collaborateurs. L’un des objectifs de notre programme de durabilité est de rendre nos postes de travail les plus agréables et les plus ergonomiques possibles : que pouvons-nous faire pour alléger le travail (par l’automatisation par exemple), etc. ? En plus, nous organisons toutes sortes d’activités en dehors du bureau. Des journées familiales en Belgique, en France… Cette année, nous sponsorisons aussi un festival de musique à Ostende, d’une part pour attirer de nouveaux candidats et, de l’autre, pour accueillir notre propre personnel en dehors du travail.

En termes d’employer branding, nous regardons surtout en interne : nous disposons, par exemple, d’une plateforme de communication, qui nous permet d’échanger avec tous les collègues.

Nous essayons de faire un maximum pour que chacun se sente bien, dans une ambiance détendue et conviviale.

Q : Le Groupe PGS est l’une des plus grandes entreprises de palettes d’Europe :
Dans quels pays le Groupe PGS est-il actif ? Pourquoi avoir choisi ces pays spécifiques et avez-vous d’autres pays dans le collimateur ?

Notre mission, c’est de servir des clients partout en Europe. Nous nous sommes donc surtout développés en suivant nos clients et en élargissant notre réseau. Cette expansion nous permet d’assurer la fourniture rapide et efficace de nos palettes (tant neuves que reconditionnées).

Actuellement, nous sommes très présents en Belgique et en France. Nous sommes déjà actifs en Allemagne et en Espagne, où nous poursuivons notre développement. Les Pays-Bas viennent de rejoindre la liste, et le Portugal ne devrait pas tarder.

Q : Projection : investir dans l’avenir. Quels sont les projets pour les années à venir ?
Quelques nouveaux objectifs ?

Nous travaillons sur quelques dossiers de reprise dans un objectif de croissance du groupe. Par ailleurs, nous voulons à nouveau doubler notre chiffre d’affaires d’ici 5 ans et mettons tout en œuvre pour réaliser cet objectif.

L'entretien a été mené par Fabiana Di Mauro (Fedustria).