Nous devons sortir de cette crise énergétique, et rapidement, sous peine de voir notre prospérité subir des pertes incalculables

Opinion du 02/09/2022 de Fa Quix

Il est trop tard pour réaliser des études fastidieuses sur la meilleure façon de sortir de cette crise énergétique. Il faut agir maintenant. Sur le court terme. Il se peut que cela ne soit pas toujours parfait sur le plan technique, ou que cela s’apparente à de l’improvisation sur le plan juridique, mais comme le dit le proverbe, “nécessité fait loi”. Et nous avons atteint une situation de grande nécessité.

L’Europe pourrait inscrire la ‘transition énergétique’, certes nécessaire, dans un calendrier plus réaliste.

Mais... quelles actions peuvent être prises sur le court terme ? La clé, c’est le prix du gaz. Il a ‘explosé’ en Europe – et seulement en Europe. La transition énergétique, qui a présenté le gaz comme un ‘carburant de transition’, et l’agresseur russe, fournisseur historique de ce gaz, ont en effet plongé l’Europe dans une grave crise énergétique. Comment faire baisser le prix du gaz ? D’abord en négociant avec les pays fournisseurs ‘amis’, comme la Norvège, les Etats-Unis, le Qatar … afin de convenir avec eux d’un prix ‘raisonnable’. Ce prix restera encore plus élevé que celui que ces fournisseurs peuvent obtenir dans le reste du monde, et ils continueront donc à nous approvisionner à ces prix ‘inférieurs’.

Ensuite, il convient de découpler le prix de l’électricité du prix du gaz. Des profits monstres sont réalisés actuellement par les producteurs d’électricité, alors que le gaz ne représente parfois qu’une (petite) partie du combustible primaire utilisé. En Belgique, par exemple, la part totale du gaz est d’à peine 25 % … mais les producteurs d’électricité obtiennent le prix le plus élevé (établi sur la base des ‘dernières’ centrales au gaz les plus chères) pour chaque mégawattheure qu’ils produisent, même si leur prix de revient est dix fois inférieur (par exemple pour le nucléaire). Un système de type Cost+ (prix de revient plus une marge raisonnable sur l’énergie primaire bon marché utilisée par les producteurs d’électricité) doit être acceptable. Si cette régulation n’est pas volontaire, alors le gouvernement doit l’imposer.

L’Europe détient également une partie de la réponse. Elle pourrait inscrire la ‘transition énergétique’, certes nécessaire, dans un calendrier plus réaliste, car on constate aujourd’hui qu’une transition trop rapide met en péril la sécurité d’approvisionnement, avec pour conséquence des effets indésirables sur les prix. Le système d’échange de quotas d’émission de CO2 (EU ETS) devrait également être temporairement suspendu. Aujourd’hui, on brûle à nouveau davantage de charbon, un combustible très polluant, ce qui entraîne une hausse du prix de ces droits d’émission de CO2. Ce coût est ensuite répercuté sur les consommateurs d’électricité, c’est-à-dire les citoyens et les entreprises. Non seulement les coûts augmentent, mais la pollution également, soit tout le contraire de ce qui était prévu.

Dans le même temps, il est important de réduire au minimum tous les autres coûts figurant sur la facture énergétique des entreprises (par exemple, les tarifs de transport et de distribution, ainsi que les prélèvements et taxes de toutes sortes). Mais il faut aussi veiller à ce que les entreprises puissent continuer à investir dans leur propre production d’énergie, au moyen de panneaux solaires, d’éoliennes, d’hydroélectricité, de biomasse ou via d’autres mesures, par exemple l’isolation. Bien souvent, ces mesures exigent des investissements considérables. Le gouvernement fédéral devrait favoriser ceux-ci à travers des incitants fiscaux, par exemple l’amortissement dégressif ou le double amortissement …

Quoi qu’il en soit, nous devons, en Europe, sortir au plus vite de cette crise énergétique ! Sous peine de voir notre prospérité subir des pertes incalculables.

Fa Quix, directeur général