Pourquoi cette crise économique est très similaire à celle des années septante. Et pourquoi ce n’est pas une bonne nouvelle

Opinion du 02/12/2022 de Fa Quix

Il est vite apparu que la crise économique actuelle serait d’un caractère très différent de la crise du Covid de 2020-2021. Juste avant le début de la crise du Covid, l’activité économique fonctionnait à un ‘rythme normal’ et elle a été brutalement interrompue par les confinements. Une fois ce verrou sur l’économie levé, les entreprises manufacturières ont redémarré à plein régime, notamment dans nos secteurs où une demande de rattrapage avait émergé. Il est évident que cette crise énergétique est très différente de la crise du Covid.

Outre la maîtrise de la hausse des coûts de la main-d’œuvre, il est urgent de maîtriser les prix de l’énergie.

Pendant un instant, la crise actuelle nous a rappelé la crise financière de 2008-2009. Certains se souviennent encore de la surchauffe, due à l’argent bon marché, qui a également entraîné une hausse soudaine des prix des matières premières et de l’inflation (indexations). L’activité économique avait alors également traversé brièvement un (très) profond marasme. Encore une fois, ce n’est pas parce que nos entreprises ne se portaient pas bien à l’époque. En effet, les carnets de commandes étaient plutôt bien remplis. Mais c’est parce que les prêteurs (banques et compagnies d’assurance-crédit) ont commencé à couper dans les lignes de crédit dans un accès de panique. Les entreprises intrinsèquement saines ont été durement touchées, ce qui a entraîné des fermetures d’usines et des faillites. La soi-disant ‘crise bancaire’ de l’époque a entraîné des dommages économiques considérables – en fait évitables – dans notre secteur. Heureusement, la poussée inflationniste a ensuite été rapidement étouffée dans l’œuf. Lorsque le calme est revenu à la fin de l’année 2009, les entreprises qui ont survécu ont pu reprendre leurs activités, malgré les dommages économiques considérables.

Et il apparaît maintenant de plus en plus clairement que cette crise est très semblable à celle des années septante, il y a maintenant environ un demi-siècle. Cette crise économique était alors aussi une crise énergétique, mais c’est le pétrole qui est devenu soudainement plus cher, alors qu’il s’agit maintenant du gaz. À l’époque également, la guerre était à l’origine des difficultés économiques – la guerre du Kippour en 1973 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 – et à l’époque, comme aujourd’hui, la hausse des prix de l’énergie (et des matières premières) a fait dérailler l’inflation. Comme en 1973, le poison de l’inflation s’est répandu dans toute l’économie, dans tous les produits et services, déclenchant une spirale infernale salaires-prix qui n’avait pu être contenue que lentement dans les années 80. Les ravages économiques en Belgique et en Occident étaient énormes.

De plus, en Belgique, une telle spirale salaires-prix est alimentée par le système d’indexation automatique des salaires. En conséquence, en deux ans, nous allons accumuler un handicap supplémentaire d’environ six pour cent sur le coût de la main-d’œuvre par rapport à nos pays voisins. Intenable. Les entreprises qui suffoquent et un gouvernement indigent ne peuvent continuer à supporter à eux seuls les frais de cette crise. Personne ne pourra malheureusement échapper à cet appauvrissement collectif, et donc les citoyens non plus. Les sauts d’index – oui, plus d’un – deviendront par conséquent inévitables au cours de l’année 2023. Ou voulons-nous tous voir sombrer complètement l’industrie ? Seuls les plus faibles de notre société doivent être épargnés.

Outre la maîtrise de la hausse des coûts de la main-d’œuvre, il est urgent de maîtriser les prix de l’énergie. Mais qu’en est-il de ce plafonnement des prix de l’énergie ? Ce n’est pas pour rien si Fedustria a récemment publié une lettre ouverte intitulée “Pas de prospérité sans industrie, pas d’industrie sans énergie abordable”.

Nous pouvons tirer beaucoup de leçons de la crise économique des années septante, mais une chose est sûre : il faut à tout prix éviter un désastre économique semblable à celui de l’époque.

Fa Quix, directeur général