Pourquoi une évidence passe inaperçue : le défi ‘invisible’ du vieillissement de la population
Opinion du 28/05/2021 de Fa Quix"Au sujet du vieillissement de la population, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle est que dans l'histoire de notre pays, les habitants n'ont jamais été aussi âgés qu'aujourd'hui. Cette situation est inédite et représente un acquis fantastique de notre Etat-providence. La mauvaise nouvelle est que les coûts liés à ce vieillissement risquent de devenir impayables." Ces paroles ont été prononcées par un ancien ministre des Pensions... il y a déjà de nombreuses années.
Le vieillissement de la population représente effectivement un tsunami de dépenses sous-estimé. Car les dépenses liées à la pension augmentent chaque année de manière ‘invisible’ de 1 à 1,5 milliard d'euros. Oui, chaque année ! Pourquoi de manière ‘invisible’ ? Car cette hausse est spontanée et n'est pas liée à une mesure spécifique. De plus en plus de personnes sont ou vont à la pension et celles-ci vivent en moyenne plus longtemps, ce qui ne fait qu'augmenter les dépenses de pension. Voilà pourquoi le vieillissement de la population représente un défi ‘invisible’ pour nos finances publiques.
Mais avec le sujet de discorde rouge-vert de la pension minimale à 1.500 euros, ce phénomène menace de s'accélérer dangereusement. Bien sûr, chaque personne doit recevoir une pension viable... Là n'est pas la question. La véritable question est la suivante : est-ce que nous sommes encore capables de payer la facture ? Non, pas dans le contexte actuel. Seule une hausse de la croissance économique liée à des améliorations de productivité et à l'innovation associée à un taux d'emploi beaucoup plus élevé (au moins 80 %) et à un report de l'âge de la pension peuvent permettre de faire face à cette tendance.
Ce ne sont certes pas des prévisions réjouissantes pour certains, mais l'âge de la pension devra dès lors encore être augmenté. Une telle décision doit aussi permettre de réduire la pénurie permanente de main-d'œuvre. Des réformes du marché du travail, l'activation maximale de la population en âge de travailler mais non active, et une amélioration de la compétitivité des entreprises seront également nécessaires afin de continuer à pouvoir financer la Sécurité sociale.
Mais est-ce que ce gouvernement à sept partis parviendra à relever tous ces défis ? D'après les priorités qu'il a affichées, la réponse est claire : non, il ne va pas y arriver. Plutôt le contraire. Un tsunami d'impôts est attendu afin de payer la facture colossale engendrée par le coronavirus. Et les charges administratives ne diminuent pas. Alors que seule une économie florissante peut sauver notre pays et notre Sécurité sociale. Si nous ne parvenons pas à prendre les mesures nécessaires, le trou noir du vieillissement de la population représentera une réelle menace.
Fa Quix, directeur général