Deux centrales nucléaires resteront ouvertes plus longtemps, mais la politique énergétique est encore aux prises avec des trous noirs. Une électricité abordable et fiable à long terme n’est toujours pas garantie
Opinion du 25/03/2022 de Fa QuixCe fut un long combat dont Fedustria a pris les commandes depuis des années, celui de prolonger le maintien en activité des centrales nucléaires. Notre exigence minimale d’une prolongation d’au moins dix ans de la durée de vie de deux centrales nucléaires (Doel 4 et Tihange 3) a finalement été satisfaite par le gouvernement fédéral. Et espérons que l’on s’attaque également à la suppression du fameux ‘article 3’, qui permettrait de maintenir la possibilité de construire à l’avenir de nouvelles installations nucléaires, par exemple des SMR (Small Modular Reactors).
Pourquoi ne pas maintenir ouvertes cinq centrales nucléaires au lieu de deux, afin de ne pas devoir construire des centrales à gaz, qui de plus devront être subventionnées ?
Mais comme je l’ai dit, ce résultat positif ne répond qu’à une exigence minimale. Bien sûr, une sortie complète du nucléaire, comme ce gouvernement fédéral l’a longtemps envisagée, aurait créé un problème encore plus grand. En effet, bien que les deux centrales nucléaires restantes fournissent une baseload (capacité de base) de 2 GW, nous perdons 4 GW en fermant les cinq autres, alors que chacune d’entre elles aurait pu facilement rester ouverte pendant encore 10, voire 20 ans. Au total, l’électricité produite par les centrales nucléaires représente aujourd’hui encore plus de 50 % de notre approvisionnement en électricité. Les deux tiers de cette production disparaîtront dans trois ans. Et ils devront être remplacés. Plus que cela même, car avec le choix politique d’une transition énergétique en faveur de l’’électrification’ (voitures électriques, pompes à chaleur, hydrogène…), les besoins en électricité vont encore augmenter par rapport à aujourd’hui. Nous faisons donc face à un énorme déficit potentiel de production d’électricité qui n’a pas encore été comblé.
Il faudra donc recourir aux centrales à gaz, même si le discours politique affirme que ce seront surtout les énergies renouvelables qui s’en chargeront. Il n’y a malheureusement rien de vrai dans cette dernière affirmation. Le potentiel des énergies renouvelables dans un pays comme le nôtre est estimé à 27-28% de notre approvisionnement en électricité. En effet, il n’y a pas toujours de vent et de soleil, sans compter que ces sources d’énergie sont beaucoup moins efficaces que les centrales nucléaires. Et la biomasse n’a pas un grand avenir non plus, pour toutes sortes de raisons. L’hydrogène, qui fait l’objet d’un grand battage médiatique, reste quant à lui très coûteux et ses applications sont limitées.
Il est absurde de fermer prématurément cinq centrales nucléaires et de les remplacer par de nouvelles centrales à gaz, d’autant plus que celles-ci ne peuvent pas fonctionner sans subventions et qu’elles compliquent encore la réalisation de nos objectifs climatiques. Un grand point d’interrogation plane donc sur l’hiver 2025-26, lorsque ces cinq centrales nucléaires seront fermées. Voilà pourquoi le maintien en activité des deux centrales nucléaires les plus récentes n’est qu’un succès relatif. La politique énergétique comporte toujours des ‘trous noirs’. C’est une épée de Damoclès sur l’industrie et les ménages de notre pays.
Fa Quix, directeur général