Nos décideurs européens et fédéraux sont davantage occupés à détruire notre prospérité qu’à la créer. Cela ne peut tout de même pas être l’objectif !

Opinion du 15/07/2022 de Fa Quix

“La crise énergétique est une bombe à retardement pour les entreprises industrielles”, a récemment déclaré Peter Claes, dirigeant de Febeliec, l’organisation professionnelle des grands consommateurs d’énergie de notre pays. Fedustria est un membre actif au sein de Febeliec. Peter Claes sait de quoi il parle : la sortie du nucléaire, dans notre pays, mais aussi en Allemagne par exemple, et le remplacement de l’énergie nucléaire sans CO2 par le gaz, qui est encore largement fourni par la Russie. Il en résulte des augmentations de prix qui font grimper de manière irresponsable les coûts de production dans l’industrie. Plusieurs entreprises nous ont déjà informés, y compris par voie de presse, qu’elles ne peuvent plus produire de manière rentable et sont obligées de fermer des lignes de production.

Les sanctions contre la Russie affectent nos entreprises occidentales de manière disproportionnée par rapport aux entreprises russes.

Le gouvernement fédéral belge, par l’intermédiaire de la ministre de l’Energie Tinne Van der Straeten, ne compte pas changer ses plans : le projet de fermeture des réacteurs nucléaires, à partir d’octobre de cette année, est poursuivi sans relâche. Alors que la guerre en Ukraine est tout de même un game changer ? Nous devons nous débarrasser au plus vite de notre dépendance vis-à-vis du gaz et du pétrole russes. Mais il semble que des politiciens cyniques veulent fermer les centrales nucléaires pour des raisons dogmatiques, nous rendant encore plus dépendants de l’autocrate russe. Maintenant, c’est encore l’été. Mais que se passera-t-il si le gaz russe est coupé l’hiver prochain, en représailles aux sanctions occidentales ? Les gens auront froid et les entreprises seront privées d’une énergie abordable.

Nos décideurs européens et fédéraux sont aussi davantage occupés à détruire notre prospérité qu’à la créer. Cela ne peut tout de même pas être l’objectif ! Les sanctions contre la Russie ne sont pas non plus judicieuses. Elles affectent nos entreprises occidentales de manière disproportionnée par rapport aux entreprises russes. En d’autres termes, nous nous tirons une balle dans le pied. Notre enquête auprès des entreprises membres a clairement montré que l’approvisionnement est particulièrement problématique en raison des sanctions, notamment sur le bois, mais aussi sur d’autres matières premières. Et la Russie, elle, s'en sort bien : le pétrole et le gaz qu’elle ne peut plus vendre à l’Ouest sont de plus en plus souvent vendus à la Chine et à l’Inde, avec une forte réduction bien sûr. Et plus tard, ce pétrole, sous forme de diesel par exemple, revient en Europe occidentale via l’Inde. Absurde.

Et puis il y a l’hypocrisie qui entoure la politique climatique. Une réduction substantielle des émissions de CO2 reste nécessaire, dans laquelle le secteur de l’énergie joue un rôle central. Mais qu’y a-t-il d’écologique dans le fait d’abandonner l’énergie nucléaire produite sans CO2 par des centrales pouvant encore fonctionner 40 ans (comme aux États-Unis) et de la remplacer par des combustibles fossiles émettant du CO2 ? Le système dit ETS de droits d’émission de CO2 permettrait de résoudre ce problème. Mais l’augmentation des combustibles fossiles entraînera une hausse significative du prix en euros de la tonne de CO2 émise. La question est de savoir qui pourra payer cette facture plus élevée ? Vous l’avez deviné ! Mais on attend de l’industrie quelle fasse encore plus d’efforts sur le front du climat.

La Belgique produit déjà environ 80 % de son électricité sans CO2, principalement grâce à l’énergie nucléaire. Cela place notre pays en tête au niveau mondial. Mais après la sortie du nucléaire, nous nous enfoncerons dans ce classement. Et, malheureusement, également dans la création de la richesse industrielle. Mais que font nos fonctionnaires européens et fédéraux ?

Fa Quix, directeur général