L'Allemagne, autrefois le moteur de l'Europe, est aujourd'hui à l'origine d'une crise énergétique sans précédent qui impacte l'ensemble de l'Europe.
Opinion du 23/08/2022 de Fa QuixL'Allemagne n'aurait jamais dû décider de fermer ses 17 réacteurs nucléaires qui étaient encore en activité en 2010. Il est possible que la fermeture des trois derniers soit reportée pour un certain temps, mais on ne peut pas vraiment parler d'une réussite. L'énergie nucléaire était et reste l'énergie de l'avenir. Elle est le triomphe de l'ingéniosité scientifique de l'homme. Produire autant d'électricité fiable, propre (sans CO2) et bon marché dans un espace aussi réduit... aucune autre source d'énergie primaire ne s'approche, tant s'en faut, de l'efficacité énergétique de l'énergie nucléaire.
"L'énergie nucléaire était et reste l'énergie de l'avenir. Elle est le triomphe de l'ingéniosité scientifique de l'homme."
Et pourtant, les dirigeants allemands ont réussi à gaspiller cette électricité efficace et sûre. En effet, dans une réaction émotionnelle après le tsunami de Fukushima en 2011, l'ancienne chancelière Merkel a décidé de fermer toutes les centrales nucléaires en Allemagne (Atomausstieg d'ici fin 2022). Quand l'émotion l'emporte sur la raison, on prend les décisions les plus stupides. A Fukushima, il y a effectivement eu plus de 10.000 morts... mais à cause du tsunami proprement dit, par noyade, etc. Une seule personne est décédée des effets d’irradiation du réacteur nucléaire touché.
Entre-temps, l'Allemagne a investi dans les énergies renouvelables (éolienne, solaire et biomasse), le fameux Energiewende (le tournant énergétique). Ce n'est pas une mauvaise chose en soi... mais cela a coûté plusieurs milliards d'euros, sans compter le coût du back-up nécessaire (lorsqu'il n'y a pas de vent ou de soleil). Les coûts de l'électricité en Allemagne étaient donc pour les pme et les consommateurs allemands plus élevés qu'ailleurs. Et pourtant, l'Allemagne est un pays de grande tradition industrielle qui compte le plus de ‘champions cachés’ en Europe.
Une autre erreur de calcul concerne la confiance dans la Chine. L'industrie automobile allemande, en particulier, y a connu un grand succès industriel et commercial. Durant les derniers jours de son mandat, madame Merkel a rapidement fait adopter un accord d'investissement entre l'UE et la Chine, taillé sur mesure de manière totalement unilatérale pour l'Allemagne (les constructeurs automobiles), mais pas dans l'intérêt du reste de l'Europe. Heureusement, cet accord n’est pas encore ratifié par le Parlement européen.
L'Allemagne doit maintenant faire face à un effet boomerang. "L'Allemagne a externalisé sa sécurité aux États-Unis, sa croissance basée sur les exportations à la Chine et ses besoins énergétiques à la Russie", voilà comment Constanze Stelzenmüller, de la célèbre Brookings Institution à Washington, résume la situation. Le pire, c'est que cette politique allemande naïve et irréfléchie ne touche pas seulement l'Allemagne, la plus grande économie d'Europe, mais entraîne tout le continent dans sa chute.
Fa Quix, directeur général