Cette crise va faire mal. Pour atténuer son impact, la FEB estime qu’il convient de répartir autant que possible ses conséquences
Opinion du 29/04/2022 de Fa Quix“Entre 1974 et 1982, le paysage économique belge a été balayé par une énorme tempête économique. Les prix des marchandises ont explosé en raison de l’inflation élevée, le déficit budgétaire a atteint des niveaux sans précédent et la compétitivité de nos entreprises s’est effondrée. Beaucoup ont alors pensé : nous protégeons le consommateur/électeur via une indexation automatique des salaires, et nous répercutons le coût de la crise sur les entreprises et le gouvernement, et tout est résolu. Jusqu’à ce qu’ils découvrent que ces politiques entraînaient la faillite des entreprises et que le consommateur/électeur perdait son emploi et ses revenus. Le point critique a été atteint à la suite de la dévaluation du franc belge de plus de 8 % en 1982. L’histoire se répète aujourd’hui. D’abord nier le problème, puis le minimiser. Chacun se rend progressivement à l’évidence.” C’est ainsi que Pieter Timmermans, administrateur délégué de la FEB, s’est exprimé dans une tribune libre début avril 2022.
Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de nouvelles pertes de compétitivité.
Les similitudes entre ces satanées années 70 et aujourd’hui sont effectivement grandes. Mais nous connaissons les évènements du passé et pouvons donc encore intervenir afin d’éviter le scénario catastrophe vécu voici presque cinquante ans. Car les choses peuvent rapidement s’accélérer. Nous avions déjà écrit : “En six mois, les entreprises sont passées du paradis à l’enfer.”
L’inflation atteint déjà 10 %, du jamais vu au cours des 40 dernières années. La répercussion de l’inflation via l’indexation automatique des salaires oblige les entreprises à répercuter ces hausses des charges salariales sur leurs prix de vente (ce que l’on appelle la spirale salaires-prix). Cette spirale doit être brisée. La Banque nationale a annoncé que les charges salariales horaires dans le secteur privé belge augmenteront de près de 13% en 2022-2024 ; cela représente un coût supplémentaire de 20 milliards d’euros pour les entreprises belges. Il s’agit ni plus ni moins d’une attaque contre notre compétitivité.
La Belgique est une petite économie ouverte fortement dépendante des exportations. Nos exportations représentent désormais près de 80 % de la valeur ajoutée produite en Belgique. Avec une économie fortement orientée vers l’exportation, la compétitivité des entreprises est donc cruciale. Les produits de haute qualité fabriqués par les entreprises belges peuvent être vendus à des prix légèrement plus élevés, mais, lorsque la différence atteint 20 % ou plus, les clients, tant nationaux qu’étrangers, recherchent des alternatives moins chères. Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de nouvelles pertes de compétitivité. Cela conduirait notre industrie à la ruine : les entreprises belges perdraient rapidement leurs parts de marché et leur production, ce qui entraînerait des pertes d’emplois.
La principale différence avec 1982 réside dans le fait que, aujourd’hui, le franc belge n’existe plus, et que nous, Belgique, ne pouvons donc plus dévaluer notre monnaie (l’euro) pour rétablir notre position concurrentielle. Nous devons trouver d’autres solutions, mais le nombre d’options est limité. Par rapport à nos trois pays voisins, la Belgique affiche de loin les charges salariales horaires les plus élevées. Et cela est essentiellement dû au système d’indexation et aux charges élevées sur le travail.
Surmonter cette crise sera douloureux, quelle que soit la tournure qu’elle prenne. Et plus nous attendons, plus les interventions seront brutales, souligne clairement la FEB. Agissons donc ensemble – gouvernement et partenaires sociaux compris – avant de redevenir ‘le maillon faible de l’Europe’.
Nous devons répartir les coûts de cette crise sur les trois principaux acteurs économiques de ce pays : le gouvernement, les employeurs et les travailleurs.
Fa Quix, directeur général