L’UE doit tout mettre en œuvre pour réduire les risques géopolitiques, non seulement dans l’intérêt de la paix, mais aussi de notre prospérité

Opinion du 18/03/2022 de Fa Quix

Les tensions politiques dans le monde n’ont fait qu’augmenter ces dernières années. Pour les entreprises, ce sont autant de risques géopolitiques. Si nous prenons les deux dernières années seulement, nous avons eu le Brexit, la dévaluation de la monnaie en Turquie, la menace croissante de la Chine, et bien sûr, aujourd’hui, la guerre en Ukraine.

L’UE n’a absolument rien à gagner d’un effondrement de son industrie si celle-ci venait à manquer d’énergie (abordable).

Le monde occidental, et l’UE en particulier, doivent essayer d’ébranler la Russie par des mesures sévères. C’est une évidence. Un arsenal sans précédent de sanctions économiques a été imposé à cette fin. Dans l’espoir que cela affaiblira l’économie russe et limitera les possibilités de financement de l’invasion de l’Ukraine. Les sanctions font sans aucun doute du tort à la Russie, et certainement aussi à ses citoyens, et pas seulement aux oligarques. Mais permettront-elles de mettre fin à la guerre plus rapidement ? C’est à espérer, mais il est quand même permis d’en douter.

En outre, les sanctions sont une arme à double tranchant : elles nous font également du tort. Et surtout à nos entreprises. On citera en premier lieu les entreprises qui exportent vers la Russie. Il devient très compliqué de transporter des marchandises vers la Russie et, en raison des sanctions financières, de se faire payer. Cela entraîne pour certaines entreprises une perte substantielle de chiffre d’affaires. Ensuite, il y a les entreprises qui importent depuis la Russie, par exemple des matières premières. Ou qui dirigent des usines sur place. Elles ont bien du mal à faire venir ces produits ou ressources de Russie.

Et enfin, ce sont en réalité toutes les entreprises qui sont concernées. Parce que l’explosion des prix de l’énergie touche tout le monde. Il est en effet urgent que nous réduisions notre dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Mais les importations russes représentent environ 40 % de la consommation de gaz de l’UE. Ce ne sera donc malheureusement pas facile, ni rapide. Cela prouve qu’il était naïf de mettre autant d’œufs dans le panier russe. L’Allemagne, en particulier, a commis une lourde erreur. L’Energiewende (le tournant énergétique) est un échec total dans ce pays.

L’UE doit donc trouver un équilibre délicat : imposer des sanctions suffisamment sévères, tout en évitant qu’elles ne nous reviennent comme un boomerang. L’UE n’a absolument rien à gagner d’un effondrement de son industrie si celle-ci venait à manquer d’énergie (abordable).

L’UE est née comme un projet de paix. Il s’agissait d’imbriquer les économies et les échanges commerciaux des pays de l’UE à un point tel que la guerre ne serait plus jamais une option. Mais l’UE a trop longtemps pensé que ce modèle serait adopté partout ailleurs dans le monde. Rien ne s’est avéré plus éloigné de la vérité. La meilleure garantie de paix est de disposer d’une puissance suffisante, y compris sur le plan militaire, pour contrer toute guerre éventuelle par la dissuasion. C’est sur ce point que l’UE travaille maintenant à un rythme soutenu. Mais dans le même temps, l’UE doit garder les canaux diplomatiques ouverts. Et, en ce qui concerne la Russie, tout mettre en œuvre pour instaurer dans les meilleurs délais un cessez-le-feu complet et une paix durable en Ukraine. D’une manière générale, l’UE doit poursuivre ses efforts pour réduire les risques géopolitiques. C’est non seulement dans l’intérêt de la paix, mais aussi de notre prospérité.

Fa Quix, directeur général