Que les entreprises se tournent vers le gouvernement pour survivre à cette ‘permacrise’ est compréhensible, car qui l’a créée ?
Opinion du 18/11/2022 de Fa Quix‘Permacrise’. C’est un mot que j’ai entendu dans les médias récemment et qui résume bien le contexte dans lequel les entreprises ont dû travailler ces trois dernières années : de crise en crise, une crise quasi-permanente, une ‘permacrise’ donc.
L'Europe s'est bien trop naïvement lancée dans une transition énergétique irréfléchie.
Cela a commencé au début 2020 avec la ‘crise du coronavirus’. Face à un nouveau virus inconnu, les gouvernements de nombreux pays ont décidé de ‘confiner’ les usines et les magasins. Leurs activités ont été interrompues du jour au lendemain. Pas parce que ces entreprises n’avaient plus de commandes, ou à cause d’une mauvaise gestion. Non : tout simplement parce que nos gouvernements ont décidé de verrouiller l’économie, pour des raisons de santé publique.
Il est compréhensible que les gouvernements soient intervenus, mais à l’époque déjà, nous avions mis en garde contre le fait d’en faire trop, contre des mesures trop draconiennes, disproportionnées et insuffisamment fondées. Les protocoles sanitaires auraient dû permettre aux entreprises, y compris aux magasins, de rester ouverts à tout moment. Et bien sûr, puisque les gouvernements avaient mis à l’arrêt l’économie, il appartenait aussi à ces mêmes gouvernements de compenser autant que possible les entreprises pour les dommages subis. Heureusement, cela a eu lieu, mais à quel prix.
Il en va de même avec cette crise énergétique – avec la crise de la logistique, la crise des matières premières, ... avant cela. Encore une fois, les gouvernements, dans notre pays et en Europe, sont en partie à l’origine de cette situation. Prenons cette crise énergétique. Il s’agit d’une crise européenne. Car elle n’existe pas aux Etats-Unis, ni en Chine, ni en Turquie, ou en tous les cas dans une moindre mesure. Aux États-Unis, par exemple, le prix du gaz ne représente qu’une fraction de celui pratiqué en Europe. Pourquoi ?
A cause de la transition énergétique irréfléchie et imprudente de l’Europe. En effet, l’accent a été mis trop unilatéralement sur les énergies renouvelables. L’énergie fossile et, de façon inexplicable, l’énergie nucléaire pauvre en CO2 devaient disparaître le plus rapidement possible.
Mais malheureusement, les ‘renouvelables’ ne peuvent pas répondre aux besoins énergétiques importants dont notre société et notre industrie occidentales ont besoin pour fonctionner. Et quand, en plus, on réduit sa propre production de gaz pour se rendre presque totalement dépendant de l’étranger, pour ne pas citer la Russie, on se met dans une position tellement vulnérable que tôt ou tard, cela nous revient en pleine figure tel un boomerang. Ce qui s’est donc passé cette année.
L’Europe s’est bien trop naïvement lancée dans une transition énergétique irréfléchie, sans plan B convenable concernant la sécurité d’approvisionnement et le caractère abordable de l’énergie. Les citoyens et les entreprises en font désormais les frais. Ils ne l’ont pas demandé, bien au contraire. Il est donc tout à fait naturel qu’ils se tournent vers ces mêmes gouvernements – européens et nationaux – pour qu’ils les aident à surmonter cette crise énergétique et cette récession qui, pour beaucoup, mettent leur vie en danger. Un plafonnement des prix du gaz est le minimum minimorum à cet égard.
Les entreprises mettront tout en œuvre pour s’en sortir : c’est leur nature. Mais malheureusement, cela ne va pas toujours tout seul. Il est donc assez évident que les gouvernements, qui ont contribué à créer ces difficultés, doivent intervenir. De préférence sans les autorités, mais parfois, et surtout en cette période de ‘permacrise’, le soutien du gouvernement est nécessaire.
Fa Quix, directeur général