Les entreprises tirent la sonnette d'alarme : avec cette explosion des coûts, la production est fondamentalement menacée. Le gouvernement fédéral doit prendre des mesures rapides et décisives.
Opinion du 11/03/2022 de Fa QuixDepuis le début de la guerre en Ukraine, plusieurs entreprises nous ont transmis le message alarmant qu'elles envisageaient de fermer tout ou partie de leur production de manière ou non temporaire en raison de l'explosion des prix de l'énergie et des coûts de la main-d'œuvre. Et nous faisons encore abstraction d'autres coûts croissants comme ceux des transports, des matières premières, …, ainsi que de l'augmentation constante des obligations supplémentaires qui augmentent les coûts, dans le domaine social, de l'environnement, ... Les petites entreprises ne sont certainement pas les seules concernées, bien au contraire, puisque les ‘valeurs sûres’ et les acteurs majeurs dans leur segment de marché tirent également la sonnette d'alarme.
La situation s’est dramatiquement dégradée en peu de temps. Où est le ‘sens de l'urgence’ chez nos gouvernements, le fédéral en premier lieu ?
La principale cause est, bien sûr, l'explosion du coût de l'énergie, mais il ne faut pas non plus oublier les autres postes de dépenses en forte hausse. La semaine dernière, un chef d'entreprise a signalé que sa facture énergétique pour le mois de février représentait plus de 50 % de son chiffre d'affaires mensuel. D'autres entreprises ont indiqué qu'elles devaient produire avec une perte croissante, et cela pour des activités qui, jusqu'à récemment, étaient encore rentables. Il est évident qu'elles ne peuvent pas continuer comme ça. Nous en sommes arrivés au point où ‘ne pas produire est devenu moins cher’, c'est-à-dire moins déficitaire que produire.
Au final, toutes ces augmentations de coûts doivent être payées. Le 7 mars, Fedustria a envoyé un courriel urgent au premier ministre, aux vice-premiers ministres et à tous les présidents de partis de ce pays, leur demandant d'introduire immédiatement un plafond sur les prix de l'énergie pour l'industrie, tant pour le gaz que pour l'électricité. Et pour garantir la sécurité de l'approvisionnement à long terme, il faut que le plus grand nombre possible de centrales nucléaires restent ouvertes le plus longtemps possible. Et il s'agit de plus de deux centrales nucléaires.
Il faut également intervenir immédiatement au niveau du système d'indexation automatique des salaires. Avec un coût d'indexation de plus de 8 % en moins d'un an, nos entreprises perdent rapidement en compétitivité en matière de coûts salariaux. Reste encore à voir quel sera l'impact de la guerre en Ukraine sur l'inflation, mais on peut supposer qu'il restera élevé pendant un certain temps, avec toutes les conséquences que cela implique. Parce que l'inflation en Belgique est beaucoup plus élevée que dans les pays voisins, presque deux fois plus élevée, et parce que cette inflation est immédiatement répercutée sur les coûts salariaux, il faut non pas un mais trois (!) sauts d'index pour compenser la perte de compétitivité.
En raison de la crise corona qui perdure, de nombreuses entreprises ont épuisé leurs réserves. Et avec la détérioration rapide de la conjoncture, ces énormes augmentations de coûts ne peuvent pas tout simplement être répercutées. Au contraire. Dans de nombreux cas, nous nous dirigeons donc vers une véritable catastrophe, et ce ne sera pas seulement le cas dans les industries du textile, du bois et de l’ameublement.
La situation s’est dramatiquement dégradée en peu de temps. Où est le ‘sens de l'urgence’ chez nos gouvernements, le fédéral en premier lieu ? Le(s) gouvernement(s) doit(vent) prendre d'urgence un certain nombre de mesures de soutien aux entreprises. Outre les mesures susmentionnées, un système flexible de chômage temporaire, analogue au chômage temporaire de force majeure corona, est absolument nécessaire. Mais nous craignons qu'il faille faire beaucoup plus, car la situation économique actuelle est encore pire que lors du premier confinement corona du printemps 2020.
Si des mesures radicales ne sont pas prises rapidement – plafonnement des prix de l'énergie, saut d'index, système flexible de chômage temporaire... –, des pans entiers de notre industrie manufacturière disparaîtront encore cette année. Une diminution sans précédent de la prospérité en sera le résultat. The time is now!
Fa Quix, directeur général